Escadrone au service des SDIS, retours d'expériences
Quelles solutions les drones et accessoires distribués et/ou conçus par Escadrone apportent-ils aux problématiques des SDIS ?
Remerciements
Nous remercions les SDIS suivants qui ont accepté de répondre à nos questions pour faire un état des lieux pertinents de l’usage opérationnel de certains matériels et points réglementaires : le SDIS 19 et l’adjudant-chef Antoine Terrible, le SDIS 29 et le colonel Pascal Pitor, le SDIS 71 et le lieutenant Karl Segard et enfin, le SDIS 95 et Sébastien Schillinger.
Le Mavic 3 Enterprise Thermal pour des reconnaissances rapides
Vous avez fait le choix d’acquérir le Mavic 3 Enterprise thermal plutôt qu’un autre appareil plus conséquent. Pouvez-vous nous expliquer ce choix ?
– Nous avons plusieurs centres de secours opérationnels équipés de drones et disposant de télépilotes affectés, il nous a semblé plus intéressant d’avoir la possibilité de pré-positionner plusieurs matériels sur tout le département, afin de créer un maillage et donc une meilleure couverture opérationnelle du territoire, plutôt qu’un seul matériel à mutualiser.
Notre priorité est donc, dans temps de constituer une flotte de drone répartis sur le département.
Et pourquoi cet appareil en particulier ?
– A partir du moment où la nécessité d’avoir du thermal s’imposait à nous, pour des raisons évidentes d’efficacité, le choix se restreignait fortement. Si techniquement certains matériels pouvaient être équivalents une fois mis dans la balance, le prix et le service après-vente nous nous sommes orientés vers ce matériel.
Vous pouvez nous en dire plus ?
– Il est petit, facile à emmener et déployer, avec une bonne autonomie et une caméra thermique que l’on retrouve sur des configurations beaucoup plus onéreuses. Son zoom x56 est amplement suffisant sur la plupart de nos interventions.
Qu’il soit homologué sur les trois scénarios nationaux et en catégorie C2 nous a aussi intéressé bien entendu.
Ses fonctions sur le thermal sont un plus en intervention et la possibilité de spliter l’écran pour avoir d’un côté avoir le thermal et de l’autre le visible facilité la levée de doute car il faut avouer que le zoom en mode thermal au-delà de x8 n’est pas du tout qualitatif, ce qui n’est pas anormal en 640×512.
Une conclusion ?
– Pour le moment nous en sommes très satisfaits et nous avons investi dans un projecteur synchronisé avec la nacelle qui a permis de compléter l’équipement initial pour opérer de nuit avec un soutien lumineux de qualité pour les collègues sur le terrain.
Retour sur la création d'une cellule drone et la nouvelle réglementation
Vous venez de monter une cellule drone au sein de votre SDIS. Quels sont les écueils qui sont à éviter selon vous ?
– J’en vois quelques-uns et j’espère que les lister ici servira à certains de mes collègues.
Le premier est qu’il est impératif que ce projet soit géré collectivement, évidemment par le commandement mais aussi par ceux qui seront amenés à utiliser le matériel sans oublier ceux qui pourraient se sentir exclus de cette nouvelle aventure.
Le second est de prendre le temps de réfléchir à l’organisation qui en sera faite. Doit-on équiper plusieurs centres ou un seul ? Quel est le besoin immédiat ? Comment compte-t-on monter en puissance ? Qui sera télépilote ? Combien m’en faut-il ? Voici quelques exemples de questions et réflexions à avoir en amont.
Le troisième est qu’il ne faut pas oublier que l’argent est le nerf de la guerre et que considérer tous les aspects du financement est indispensable, l’achat, la maintenance, la formation…. Rien de pire que s’équiper a minima avec le risque d’avoir une cellule qui sera sous-utilisée entraînant au final gaspillage et frustration. A contrario, se suréquiper ne sert à rien non plus, dépenser trop avant de monter en puissance est inutile et contre-productif. D’où l’importance du prestataire qui va vous accompagner en amont.
Le quatrième, conséquence du troisième, est de prendre tout le matériel adapté à son besoin et à sa structure mais rien que ce matériel. Il suffit d’être opérationnel pour que le pari soit réussi et le dispositif pourra ensuite être complété, étendu en bénéficiant des premiers retours d’expérience.
Comment avez-vous intégré la réglementation européenne à votre réflexion ?
– Cela a été pendant quelques temps sources de confusions et d’inquiétudes car personne ne savait vraiment comment les choses allaient se passer mais au final, si les décrets d’application nationaux ne sont pas trop réducteurs, les catégories ouvertes permettront beaucoup de choses et la période de transition laissera le temps à chacun de s’adapter.
Les interrogations à ce jour sont sur certaines catégories de drones, les plus lourds, pour certains vols spécifiques, en agglomération, par exemple mais aussi sur la possibilité ou non de passer le CATT entre janvier 2024 et juin 2024, date à laquelle il sera normalement possible de passer le CATS (nouveau diplôme de télépilote).
Par contre si je ne devais avoir qu’un seul conseil c’est que tous les SDIS qui n’ont pas encore de cellule drone mais envisagent de le faire sur 2024 oui qui viennent de la créer se déclarent comme exploitants avant le 31/12/2023 sur la plateforme AlphaTango.
Il leur suffit de se déclarer sur AlphaTango, de déclarer un Manex et un matériel, idéalement sur les trois scénarios nationaux afin de ne pas se bloquer durant la période de transition (Ndlr : nous avons fait un article à ce sujet). Ils auront de la sorte tout le temps de se préparer à la réglementation européenne pleinement opérationnelle au 01/01/2026 tout en pouvant voler en S1 S2 S3.
Ndlr : vous trouverez toutes les informations, malheureusement en anglais, sur le site de l’EASA : https://www.easa.europa.eu/en/domains/civil-drones notamment quels drones sont dans quelles catégories : https://www.easa.europa.eu/en/domains/civil-drones/drones-regulatory-framework-background/open-category-civil-drones
Matrice 30T drone compact multicapteurs polyvalent
Vous avez fait le choix de vous équiper d’un M30T, pouvez-vous nous en donner les raisons ?
– Nous avons fait ce choix car cet appareil répondait à de nombreux besoins qui sont les nôtres sur le terrain. Il y a d’excellents appareils plus petits, moins chers certes, mais ils ne disposent pas de toutes les caractéristiques techniques propres au M30T et ne permettent pas la palette d’action que nous offre le M30T.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
– Les différents capteurs embarqués (4K, téléobjectif, thermique et laser) sont la base de nos besoins : tout type d’incendie, secours aux personnes, recherche de personnes ou autre type d’intervention (pollution aquatique, effondrement…).
Le DJI M30T est un drone aérien étanche (IP55) : parce que l’on ne choisit pas le temps qu’il fera lors d’une intervention un IP permettant de voler sous la pluie est un vrai avantage : ses limitations sont assez hautes pour nous permettre d’effectuer nos interventions dans des conditions météorologiques dégradées. Pour rappel, le DJI M30T est capable de voler sous une pluie d’un débit inférieur à 10mm/h, sous la neige et enfin dans une plage de température comprise entre -20° et 50°c.
Les capteurs embarqués sont très performants et très faciles à l’emploi :
– Le capteur 4K : une excellente définition pour toutes nos prises de vue aériennes et pour les retransmissions en direct (véhicule opérationnel, véhicule de commandement, CODIS).
– Le capteur thermique nous permet d’obtenir des prises de vue précises dans le spectre invisible (un grand choix de palettes, l’isotherme, les deux modes (Low et High)).
Autre avantage, le zoom x200 de la nacelle permet d’obtenir une vue aérienne de précision à plusieurs centaines de mètres, permettant un vol en toute sécurité, notamment lorsqu’un périmètre de sécurité (ou d’exclusion) est établi.
En vol de nuit, le mode SMARTNIGHT, grâce à la caméra FPV optimisée pour des conditions de faible luminosité (éclaircissement de la vue du tableau de bord), permet au télépilote de voler dans des conditions de visibilité réduites.
Le télémètre laser (capable de fonctionner jusqu’à 1200m) est un outil que nous utilisons fréquemment :
– Indication de distance, récupération des données GPS du point ciblé,
– Prise de mesures : calcul de surface (entre autres),
– Marquer tout point grâce aux pin points : il est possible de les personnaliser (couleurs, noms…) pour suivre l’évolution d’un front de feu, d’une pollution aquatique ou bien encore de délimiter un polygone et d’en calculer immédiatement la superficie. Autre avantage : le marquage des pin points peut être permanent, ce qui permet de poursuivre une mission sur plusieurs jours.
Avec le DJI M30T, nous avons également changé notre mode de travail en équipe : il est dorénavant possible de travailler simultanément avec un télépilote (assurant la fonction vol) et un cadreur dédié à l’imagerie aérienne.
Le système de sécurité du M30T est composé de double capteurs optiques et infrarouges sur ses 6 cotés : assurer la sécurité du vol et de la mission.
Le tableau de bord est moderne et évolutif : la télémétrie du M30T, complète et précise, offre de nombreuses informations essentielles au télépilote (direction et force du vent, vecteur de direction, altimètre, anémomètre, rose des caps, directions et distances de points importants dont le RTH…)
Voyez vous d’autres points de performances opérationnelles ?
Pour aller rapidement à l’essentiel, je vais évoquer tout ce qui est permis grâce à la radiocommande et son grand écran de 7,5 pouces.
La fonction SMARTGRID offre la possibilité de constituer plusieurs images à partir d’une seule pour un niveau de détail plus important.
Le SMARTRACK permet de suivre une personne ou un véhicule sur le terrain, par le biais de la nacelle, ce qui est important dans certains cas.
Il serait donc parfait ?
Non, je n’irai pas jusque-là ! Même si les dernières baisses de prix en ont fait un appareil plus abordable, il n’est pas toujours dans les budgets d’achat de certains SDIS.
A noter aussi un emport de charge limité ce qui permet certaines opérations, en raison de sa charge utile offerte très petite.
Il a certainement d’autres défauts mais pour le moment je ne les ai pas trouvés (rire).
Retour à propos des fonds verts pour financer de l'équipement
Pouvez-vous nous expliquer ce que sont les fonds verts ?
– C’est un dispositif qui a été pensé à sa création, durant l’été 2022, pour aider les territoires dans leur transition écologique.
De mémoire, ce sont près de 2 milliards d’euros qui ont été mis sur la table pour que les collectivités territoriales puissent financer des projets autour de certaines thématiques. Parmi celles-ci on trouve l’adaptation au changement climatique avec notamment tout ce qui a trait aux incendies et aux inondations.
A noter que ces fonds sont gérés par le Préfet ce qui permet une proximité forte entre les interlocuteurs de ce dossier. La demande d’aide se fait en ligne sur la plateforme Aides-territoires.
Comment cela se passe-t-il ensuite ?
– Le dossier doit être rempli selon la problématique sur laquelle se positionner (ndlr : https://aides-territoires.beta.gouv.fr/aides/c242-prevenir-les-risques-dincendies-de-foret/) avec bien entendu une description du besoin, du projet, en quoi l’aide sera utile et performante…
Bien entendu il ne s’agit pas que ce soit la porte ouverte à des demandes non qualifiées et un investissement minimum de 20% par le porteur du projet est demandé
Une fois le dossier accepté, s’il l’est bien entendu mais il n’y a pas de raison qu’une demande sérieuse ne soit pas validée, les fonds pourront alors être utilisés pour l’achat du matériel mentionné.
Quel est l’avantage de ce dispositif ?
– L’avantage principal est l’effet multiplicateur permettant à un SDIS en investissant une partie du projet, les 20%, de pouvoir être aidé à hauteur du solde.
Pour des achats onéreux parfois reportés d’année en année ou des achats jugés comme non prioritaires mais nécessaires malgré tout cela permet une accélération de la dotation en équipement.
Certaines structures qui réfléchissaient à l’opportunité ou non de créer une cellule drone ont pu ainsi franchir le pas, d’autres ont pu renouveler un matériel utile, utilisé mais vieillissant voire obsolète.
Le dispositif n’est pas d’une grande complexité à mettre en place, sa gestion par la préfecture permet d‘être au plus près et les réponses sont plutôt rapides.
C’est donc une vraie solution qui a permis d’accélérer l’équipement ou le renouvellement sur des thématiques parfois critiques voire nouvelles. Comme cela pu être vécu parfois tragiquement avec certains incendies
Des regrets à propos de ce dispositif ?
– Mon seul regret est qu’il n’ait pas été plus utilisé car nombreux sont ceux qui sont passés à côté ou n’ont pas voulu en profiter avec le risque que les fonds non utilisés ne soient finalement plus utilisables alors que subsistent encore de nombreux besoins.
Mallette de retransmission vidéo TX RX (fabrication Escadrone) pour partager les informations captées
Quelles sont vos motivations dans la déportation d’images ?
– Il n’est pas nécessaire de déporter les images loin, parfois quelques dizaines de mètres suffisent pour apporter l’effet recherché.
L’intérêt pour nous est de rendre sa « liberté » au télépilote lorsqu’il opère afin qu’il ait l’esprit libéré durant sa mission. En effet pouvoir le décaler un peu lui permet d’être au calme pour effectuer sa mission, sans être accaparé par des questions multiples ou d’autres personnes qui souhaitent jeter un œil à l’écran.
Au-delà de ces aspects pratiques le déport d’image va nous permettre aussi d’offrir une supervision dans de bonnes conditions au commandement ou aux autorités, dans un espace ou dans un véhicule dédié. Une communication radio ensuite depuis le PC de commandement et le télépilote permet à chacun de tenir efficacement son rôle.
Quels sont les points importants pour vous dans une solution telle que celle-ci ?
– De nombreuses solutions existent avec des possibilités différentes, des coûts variés, des utilités diverses et des mises en place plus ou moins contraignantes.
Notre besoin était de pouvoir disposer d’un produit au prix raisonnable, prenant peu de place, léger, facile à mettre en œuvre et intégré afin de pouvoir être disponible et opérationnel rapidement. De plus, cette solution est compatible avec tous nos drones.
Pouvoir disposer d’une mallette portable, intégrant un écran et comprenant tout le nécessaire, dispositif, antennes, kit voiture, alimentations, trépied, sacoches et câblerie…. était important pour nous afin d ‘être opérationnel le plus rapidement possible.
Nous apprécions vraiment cette solution car elle répond à nos besoins.
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